Le Xinjiang, terre des Ouïgours


Les ouïgours en raison des révoltes et des attentats font beaucoup parler d'eux en Chine et dans le monde. La province du Xinjiang, où ils résident majoritairement, est une des plus vastes régions de la Chine dont elle couvre le sixième de l'étendue. Situé à l'extrême nord-ouest et majoritairement désertique, le Xinjiang est peuplé principalement par des Hans et des ouïgours. Ces derniers sont d'origine turco-mongole ; ils sont devenus musulmans sunnites aux alentours du Xe siècle et se concentraient initialement autour du désert du Taklamakan, dans l'ouest de la Chine. Rattaché officiellement à la Chine au XIXe siècle,  après l'écrasement de rebellions musulmanes par la dynastie des Qing (1644-1911), le Xinjiang prend son nom en 1884 et est alors amarré solidement à l'empire.

Le débat de l'indépendance de la province n'en reste pas moins ouvert. Entre 1933 et 1934 puis entre 1944 et 1949, le Xinjiang devint même République du Turkestan oriental. Le régime communiste décide en 1955 d'en faire une région autonome, non sans prendre le soin d'y envoyer massivement l'armée populaire de libération ainsi que des colons chinois.

Aujourd'hui le Xinjiang compte presque autant de chinois Hans que de ouïgours mais aussi une myriade de petites communautés Kazakhs, Kirghiz, Mongols et Hui.

Si cette "nouvelle frontière", autrefois voie de passage de la fameuse route de la Soie, suscite autant de passions, c'est qu'elle est au coeur d'une série d'enjeux géopolitiques.  Sa place centrale en Asie, avec six voisins immédiats non négligeables (Pakistan, Kazakhstan, Kirghistan, Tadjikistan, Mongolie et Russie) fait office pour la Chine de zone tampon protectrice face à des pays à la stabilité très relative ainsi que de poste avancé pour le développement de liens commerciaux et stratégiques avec ces mêmes pays.

L'autre intérêt de la province réside dans la richesse de son sous-sol qui recèle d'importantes réserves de gaz, de pétrole et de minerais dont l'extraction alimente une grande partie de  l'industrie locale, autour de la capitale de la région Urumuqi, par ailleurs reliée à la capitale Pékin par une voie ferrée. Les Chinois ont également vite tiré parti des ces vastes zones désertiques, notamment en y installant un centre d'essais nucléaires, Lob Nor.

L'arrivée massive de Chinois dans cette région n'a pas manqué de faire naître des ressentiments dans la population ouïgoure qui dénonce une colonisation particulièrement intrusive, la dépouillant de ses ressources mais aussi de sa culture et de sa langue. Ce foyer d'agitation, qui recevrait le soutien de certains voisins d'Asie centrale, a donné lieu à plusieurs reprises à des émeutes, en particulier en 1997 et 2009, le gouvernement chinois dénonçant le "séparatisme ouïgour". Les attentats récents dans le Yunnan montrent que la question des ouïghours est loin d'être réglée.