Les tribus montagnardes du nord de la Thaïlande jouent un rôle important dans l'attrait touristique du Nord. La plupart d'entre elles, originaires de Chine ou du Tibet, ont émigré en Birmanie, au Laos et au Vietnam avant de venir s'installer dans les provinces du Nord de la Thaïlande telles que Chiang Rai, Chiang Mai, Mae Hong Son, Phayao et Nan. Les six principales tribus sont les Karens, les Akhas (ou Kaw), les Lahus (Mussur), les Lisus (Lisaw), les Hmongs (Meo) et les Miens; chacune comportant des sous-groupes liés par l'histoire, la généalogie, la langue, l'organisation sociale, la religion et les coutumes.
Les tribus montagnardes se subdivisent en deux catégories linguistiques : les Sino-Tibétlains et les Austro-Asiatiques, bien que seuls les descendants des Môn-Khmers parlent un dialecte relevant de cette dernière catégorie. En outre, les tribus se répartissent géographiquement entre celles qui habitent les basses terres (ou vallées) et pratiquent des cultures cycliques telles que le riz ou le maïs, et celles qui vivent en haute altitude et cultivent le pavot pour l'opium. Les tribus dites indigènes, qui occupent les mêmes régions depuis des centaines d'années, sont plutôt celles qui habitent dans les basses vallées, dans des villages organisés aux maisons en rondins. Les nomades vivent généralement au-dessus de l 000 m dans des habitations en bambou et en chaume faciles à assembler et à déplacer dès que les champs voisins sont moins fertiles, ou que des conflits politiques débordent les frontières du Myanmar (Birmanie) et du Laos.
Presque tous les villages tribaux se dotent d'un chef qui assume la plupart des fonctions politiques et sociales dont l'accueil des hôtes. Les villages nomades de haute altitude sont menés par des anciens ou par un chaman qui consulte les esprits. Si la communauté se sent menacée par des pertes agricoles, par la maladie ou par des bandits qui sévissent dans la région, tout le village peut se disperser pour gagner un lieu plus favorable. Les villages se décomposent aussi par suite de conflits internes : les familles se séparent pour aller vivre ailleurs. Le plus souvent, l'unité sociale caractéristique est la famille étendue, en particulier chez les Hmongs (Meo) et les Miens (Yao), qui pratiquent la polygamie.
Les minorités des hautes terres croient aux esprits et c'est le rôle du chaman, ou chef religieux, de décrypter les forces spirituelles en oeuvre dans chaque situation. La plupart des villages pratiquent des rites visant à apaiser les esprits, le chaman ou le chef choisi étant chargé de déterminer le problème, de prescrire la solution et de pratiquer le rituel. Curieusement, toutefois, ni les chamans ni les chefs ne bénéficient d'un statut plus élevé que les autres villageois; ils ne font que rendre un service. Si un chaman ou un chef commence à faire preuve d'aspirations politiques excessives, les villageois décident souvent collectivement de se séparer.
Les Karens
Avec un quart de million d'individus, soit la moitié des populations tribales du pays, les Karens constituent le plus grand groupe tribal de Thaïlande. Au Myanmar (Birmanie) voisin, on estime qu'il existe plus de quatre millions de personnes d'origine karen (et de croyance bouddhiste), dont bon nombre installées le long de la frontière thai-birmane. Durant des années, le gouvernement militaire a combattu les rebelles karens qui revendiquaient l'autonomie et de nombreux karens birmans se sont réfugiés en Thaïlande. Là, ils se sont dispersés géographiquement de Chiang Rai au nord jusqu'à Kanchanaburi au sud.
Les Karens comptent parmi les tribus montagnardes les mieux assimilées de Thaïlande, si bien qu'il est difficile de les reconnaître à leur apparence extérieure, si ce n’est les populations les plus traditionnelles qui portent des brassards en argent ainsi qu’une ceinture et un bandeau de perles, tandis que les femmes célibataires sont habillées tout en blanc.
Les Hmongs
Les Hmongs (Meo) sont une tribu nomade disséminée en Chine et en Asie du Sud-Est. Quelque 65000 Hmongs vivent en Thaïlande, en particulier dans les provinces de Chiang Mai, Chiang Rai, Nan, Phetchabun et Phrae ; et il y a environ 4 millions de Hmongs en Chine. En Thailande, ils se subdivisent en deux principaux groupes : les Hmongs Daew (Hmongs blancs) et les Hmongs Njua (Hmongs bleus), les Hmongs Gua Mba (Hmong à brassard) étant un sous groupe des Hmongs Daew.
En Thaïlande, les Hmongs habitent généralement les hautes terres où ils cultivent le pavot à opium de façon plus extensive qu'aucun autre groupe tribal. Pour leur subsistance, ils cultivent aussi le maïs, le riz el le soja. Les Hmongs sont également d'excellents éleveurs, et leurs poneys sont particulièrement prisés.
Comme d'autres tribus nomades, les Hmongs conservent une grand partie de leur richesse sous forme de bijoux en argent. Ils donnent aux bébés des colliers en signe de leur acceptation dans le monde matériel. En décembre, durant la fête de la nouvelle année, les familles arborent un impressionnant étalage de merveilleux bijoux d'argent et autres ornements. Les femmes sont particulièrement reconnaissables à leur longue chevelure sombre à laquelle elles ajoutent un postiche en crin de cheval, ou en cheveux humains, pour en faire un énorme chignon au sommet de la tête. Si la plupart des hommes n'ont qu'une femme, un riche en prendra deux.
Comme la plupart des autres tribus, les Hmongs sont panthéistes et chargent les chamans de pratiquer les rites spirituels, bien que leur élite soit résolument catholique. Dans certains cas critiques, les chamans pratiquent des sacrifices d'animaux et entrent en transe pour contacter le monde des esprits. Ils accordent une importance particulière à l'esprit des portes pour entrer et sortir du monde humain : portes des maisons, portes pour laisser entrer la chance ou pour interdire l'accès aux mauvais esprits et portes de l'au-delà. Les Hmongs pratiquent également le culte des ancêtres, autre rappel de leur passé chinois. Comme les Chinois avec qui ils ont vécu durant tant de siècles, les Hmongs ont le sens des affaires et nombre d'entre eux commencent à descendre de leurs montagnes pour mener une vie moins rude et plus lucrative. Mais tant que le commerce de l’opium rapportera, la plupart des Hmongs resteront dans les hautes terres à cultiver le pavot.
Les Lahus (Mussur)
Les Lahus, qui comptent 40000 représentants en Thaïlande, comportent de nombreuses subdivisions. Leurs différences se manifestent même dans leurs vêtements. Les deux principaux groupes sont les Lahus Na (Lahu noirs) et les Lahus Shi (Lahu jaunes), auxquels s'ajoutent un nettement plus petit nombre de Lahus Hpu (Lahus blancs), La Ba et Abele. La plupart des villages lahus se situent à plus de 1000 m dans les montagnes autour de Chiang Mai, Chiang Rai, Mae Hong Son, Tak et Kamphaeng Phet, où poussent pavot, riz, maïs.
Le lahu sa, semblable au tibétain, est si bien accepté que les autres populations tribales et les Chinois du Yunnan l'ont adopté en tant que langue commune. Bons musiciens, les Lahus jouent surtout de flûtes faites avec des bambous et des calebasses. Ces flûtes servent souvent aux jeunes gens pour courtiser les femmes de leur choix (vous pouvez acheter ces instruments au marché de nuit de Chiang Mai). S'il est une tribu qui témoigne de difficultés pour conserver son identité culturelle spécifique par delà les migrations et leurs bouleversements, c'est bien les Lahus. Ainsi leur religion : animistes à l'origine, ils ont adopté le culte d'une divinité appelée G'ui sha (sans doute d'origine tibétaine), ont emprunté la notion de mérite au bouddhisme (indien ou chinois) et, enfin, ont incorporé la théologie chrétienne (britannique-birmane) dans leur système de croyance. Dans leur syncrétisme, G’ui sha est l'être suprême qui a créé l'univers et régne sur tous les esprits. Tous les objets animés et inanimés sont habités par des esprits qui les rendent capables de bienveillance ou de malveillance, tandis que l'âme correspond á la force spirituelle présente dans l'être humain. En outre, les Lahus pratiquent une sorte de vaudou et respectent une tradition messianique. Toujours est-il que de toutes les tribus de Thaïlande, ce sont eux qui se montrent les plus accueillants pour les étrangers.
Les Miens (Yao)
On estime qu'il existe actuellement 33000 Miens en Thaïlande concentrés dans les provinces de Chiang Rai, Phayao, Lampang et Nan. Les Miens sont encore nombreux en Chine ainsi qu'au Vietnam, au Myanmar (Birmanie) et au Laos. Comme les Hmongs, des dizaines de milliers de Miens ont quitté le Vietnam et le Laos à la fin de la guerre du Vietnam pour se réfugier dans le Nord de la Thaïlande.
Plus encore que les Hmongs, les Miens (leur nom viendrait du mot chinois qui signifie « barbare ») ont conservé un lien étroit avec leurs origines du Sud de la Chine. Ils ont incorporé la langue han parlée et écrite dans la leur et de nombreux livres d’histoire, tracts religieux et légendes miens sont édités en chinois. Les Miens ont intégré le culte des ancêtres et une forme de taoïsme dans leur théologie. Ils célèbrent le Nouvel An à la même date et utilisent donc le même système calendaire que les Chinois.
Les paysans miens pratiquent la culture sur brûlis mais ne cultivent pas le pavot, seulement le riz et le maïs. Les femmes réalisent des broderies élégantes et subtiles dont elles ornent souvent leurs vêtements. Leur travail, complexe, de l'argent est très prisé même par les autres tribus, en particulier les Hmongs. Leur art religieux paraît en grande partie influencé par les motifs chinois, en particulier taoïstes, ce qui le distingue nettement de celui des autres tribus.
Les Lisus (Lisaw)
Les Lisus constituent l'une des plus petites minorités ethniques du Nord de la Thaïlande : moins de 5 % de toutes les tribus montagnardes. Ils sont arrivés de Birmanie dans la province de Chiang Rai au cours des années vingt. Les Lisus occupent des zones élevées et font pousser du pavot á opium ainsi que d'autres cultures de subsistance. Comme leurs cousins chinois (les mariages mixtes ont été fréquents), les Lisus ont la réputation d'être extrêmement travailleurs et combatifs. lls se marient aussi fréquemment avec des Lahus. Même leurs vêtements reflètent leur audace, avec leurs tuniques de couleurs vives relevées de centaines de perles et babioles d’argent.
Les Lisus sont des gagneurs et ont des vies bien structurées. Leurs rituels relèvent de procédures complexes qui exigent beaucoup des participants. Tout, de la naissance à la mort en passant par la séduction et le mariage, est régi par une tradition rigoureuse qui doit beaucoup aux Chinois. Cette société très structurée et ambitieuse peut-être responsable du fait que le taux de suicide chez les Lisus est le plus élevé de toutes les populations tribales de Thaïlande.
Les Akhas (Kaw)
De toutes les tribus attachées aux traditions, les Akhas, qui comptent que pour 3% de toutes les minorités vivant en Thaïlande, sont probablement ceux qui ont conservé les liens les plus profonds avec leur passé. Lors des grands événements de la vie, on proclame le nom entier d'un Akha, soit souvent plus de 50 noms qui symbolisent chacun une lignée remontant á plus de mille ans. Tous les aspects de la vie sont régis par la Voie Akha, un système qui englobe tout : mythes, rituels, agriculture, santé, vêtements, naissance, séduction, mariage et mort.
La force de la Voie Akha est peut-être la clé de la préservation de leur identité car les Akhas sont très disséminés dans tout le Sud de la Chine, le Laos, le Vietnam et Myanmar. Les premiers Akhas à avoir émigré de Birmanie en Thaïlande sont arrivés au début du XXème siècle et se sont installés dans les hautes terres dominant le cours de la Mae Kok (province de Chang Rai). Actuellement, ils descendent plus bas à la recherche de terres plus riches. Ce sont des cultivateurs changeants qui pratiquent des cultures et élèves des animaux domestiques pour leur subsistance.
L’habillement des Akhas est l’un des plus jolis de toutes les tribus montagnardes. Dans la vie de tous les jours, hommes et femmes portent des vestes noires simples aux superbes broderies. Leurs sacs en bandoulière sont tissés avec une incroyable habilité et ornés de pièces d’argent, de colifichets et de perles.
Les tribus montagnardes se subdivisent en deux catégories linguistiques : les Sino-Tibétlains et les Austro-Asiatiques, bien que seuls les descendants des Môn-Khmers parlent un dialecte relevant de cette dernière catégorie. En outre, les tribus se répartissent géographiquement entre celles qui habitent les basses terres (ou vallées) et pratiquent des cultures cycliques telles que le riz ou le maïs, et celles qui vivent en haute altitude et cultivent le pavot pour l'opium. Les tribus dites indigènes, qui occupent les mêmes régions depuis des centaines d'années, sont plutôt celles qui habitent dans les basses vallées, dans des villages organisés aux maisons en rondins. Les nomades vivent généralement au-dessus de l 000 m dans des habitations en bambou et en chaume faciles à assembler et à déplacer dès que les champs voisins sont moins fertiles, ou que des conflits politiques débordent les frontières du Myanmar (Birmanie) et du Laos.
Presque tous les villages tribaux se dotent d'un chef qui assume la plupart des fonctions politiques et sociales dont l'accueil des hôtes. Les villages nomades de haute altitude sont menés par des anciens ou par un chaman qui consulte les esprits. Si la communauté se sent menacée par des pertes agricoles, par la maladie ou par des bandits qui sévissent dans la région, tout le village peut se disperser pour gagner un lieu plus favorable. Les villages se décomposent aussi par suite de conflits internes : les familles se séparent pour aller vivre ailleurs. Le plus souvent, l'unité sociale caractéristique est la famille étendue, en particulier chez les Hmongs (Meo) et les Miens (Yao), qui pratiquent la polygamie.
Les minorités des hautes terres croient aux esprits et c'est le rôle du chaman, ou chef religieux, de décrypter les forces spirituelles en oeuvre dans chaque situation. La plupart des villages pratiquent des rites visant à apaiser les esprits, le chaman ou le chef choisi étant chargé de déterminer le problème, de prescrire la solution et de pratiquer le rituel. Curieusement, toutefois, ni les chamans ni les chefs ne bénéficient d'un statut plus élevé que les autres villageois; ils ne font que rendre un service. Si un chaman ou un chef commence à faire preuve d'aspirations politiques excessives, les villageois décident souvent collectivement de se séparer.
Les Karens
Avec un quart de million d'individus, soit la moitié des populations tribales du pays, les Karens constituent le plus grand groupe tribal de Thaïlande. Au Myanmar (Birmanie) voisin, on estime qu'il existe plus de quatre millions de personnes d'origine karen (et de croyance bouddhiste), dont bon nombre installées le long de la frontière thai-birmane. Durant des années, le gouvernement militaire a combattu les rebelles karens qui revendiquaient l'autonomie et de nombreux karens birmans se sont réfugiés en Thaïlande. Là, ils se sont dispersés géographiquement de Chiang Rai au nord jusqu'à Kanchanaburi au sud.
Les Karens comptent parmi les tribus montagnardes les mieux assimilées de Thaïlande, si bien qu'il est difficile de les reconnaître à leur apparence extérieure, si ce n’est les populations les plus traditionnelles qui portent des brassards en argent ainsi qu’une ceinture et un bandeau de perles, tandis que les femmes célibataires sont habillées tout en blanc.
Les Hmongs
Les Hmongs (Meo) sont une tribu nomade disséminée en Chine et en Asie du Sud-Est. Quelque 65000 Hmongs vivent en Thaïlande, en particulier dans les provinces de Chiang Mai, Chiang Rai, Nan, Phetchabun et Phrae ; et il y a environ 4 millions de Hmongs en Chine. En Thailande, ils se subdivisent en deux principaux groupes : les Hmongs Daew (Hmongs blancs) et les Hmongs Njua (Hmongs bleus), les Hmongs Gua Mba (Hmong à brassard) étant un sous groupe des Hmongs Daew.
En Thaïlande, les Hmongs habitent généralement les hautes terres où ils cultivent le pavot à opium de façon plus extensive qu'aucun autre groupe tribal. Pour leur subsistance, ils cultivent aussi le maïs, le riz el le soja. Les Hmongs sont également d'excellents éleveurs, et leurs poneys sont particulièrement prisés.
Comme d'autres tribus nomades, les Hmongs conservent une grand partie de leur richesse sous forme de bijoux en argent. Ils donnent aux bébés des colliers en signe de leur acceptation dans le monde matériel. En décembre, durant la fête de la nouvelle année, les familles arborent un impressionnant étalage de merveilleux bijoux d'argent et autres ornements. Les femmes sont particulièrement reconnaissables à leur longue chevelure sombre à laquelle elles ajoutent un postiche en crin de cheval, ou en cheveux humains, pour en faire un énorme chignon au sommet de la tête. Si la plupart des hommes n'ont qu'une femme, un riche en prendra deux.
Comme la plupart des autres tribus, les Hmongs sont panthéistes et chargent les chamans de pratiquer les rites spirituels, bien que leur élite soit résolument catholique. Dans certains cas critiques, les chamans pratiquent des sacrifices d'animaux et entrent en transe pour contacter le monde des esprits. Ils accordent une importance particulière à l'esprit des portes pour entrer et sortir du monde humain : portes des maisons, portes pour laisser entrer la chance ou pour interdire l'accès aux mauvais esprits et portes de l'au-delà. Les Hmongs pratiquent également le culte des ancêtres, autre rappel de leur passé chinois. Comme les Chinois avec qui ils ont vécu durant tant de siècles, les Hmongs ont le sens des affaires et nombre d'entre eux commencent à descendre de leurs montagnes pour mener une vie moins rude et plus lucrative. Mais tant que le commerce de l’opium rapportera, la plupart des Hmongs resteront dans les hautes terres à cultiver le pavot.
Les Lahus (Mussur)
Les Lahus, qui comptent 40000 représentants en Thaïlande, comportent de nombreuses subdivisions. Leurs différences se manifestent même dans leurs vêtements. Les deux principaux groupes sont les Lahus Na (Lahu noirs) et les Lahus Shi (Lahu jaunes), auxquels s'ajoutent un nettement plus petit nombre de Lahus Hpu (Lahus blancs), La Ba et Abele. La plupart des villages lahus se situent à plus de 1000 m dans les montagnes autour de Chiang Mai, Chiang Rai, Mae Hong Son, Tak et Kamphaeng Phet, où poussent pavot, riz, maïs.
Le lahu sa, semblable au tibétain, est si bien accepté que les autres populations tribales et les Chinois du Yunnan l'ont adopté en tant que langue commune. Bons musiciens, les Lahus jouent surtout de flûtes faites avec des bambous et des calebasses. Ces flûtes servent souvent aux jeunes gens pour courtiser les femmes de leur choix (vous pouvez acheter ces instruments au marché de nuit de Chiang Mai). S'il est une tribu qui témoigne de difficultés pour conserver son identité culturelle spécifique par delà les migrations et leurs bouleversements, c'est bien les Lahus. Ainsi leur religion : animistes à l'origine, ils ont adopté le culte d'une divinité appelée G'ui sha (sans doute d'origine tibétaine), ont emprunté la notion de mérite au bouddhisme (indien ou chinois) et, enfin, ont incorporé la théologie chrétienne (britannique-birmane) dans leur système de croyance. Dans leur syncrétisme, G’ui sha est l'être suprême qui a créé l'univers et régne sur tous les esprits. Tous les objets animés et inanimés sont habités par des esprits qui les rendent capables de bienveillance ou de malveillance, tandis que l'âme correspond á la force spirituelle présente dans l'être humain. En outre, les Lahus pratiquent une sorte de vaudou et respectent une tradition messianique. Toujours est-il que de toutes les tribus de Thaïlande, ce sont eux qui se montrent les plus accueillants pour les étrangers.
Les Miens (Yao)
On estime qu'il existe actuellement 33000 Miens en Thaïlande concentrés dans les provinces de Chiang Rai, Phayao, Lampang et Nan. Les Miens sont encore nombreux en Chine ainsi qu'au Vietnam, au Myanmar (Birmanie) et au Laos. Comme les Hmongs, des dizaines de milliers de Miens ont quitté le Vietnam et le Laos à la fin de la guerre du Vietnam pour se réfugier dans le Nord de la Thaïlande.
Plus encore que les Hmongs, les Miens (leur nom viendrait du mot chinois qui signifie « barbare ») ont conservé un lien étroit avec leurs origines du Sud de la Chine. Ils ont incorporé la langue han parlée et écrite dans la leur et de nombreux livres d’histoire, tracts religieux et légendes miens sont édités en chinois. Les Miens ont intégré le culte des ancêtres et une forme de taoïsme dans leur théologie. Ils célèbrent le Nouvel An à la même date et utilisent donc le même système calendaire que les Chinois.
Les paysans miens pratiquent la culture sur brûlis mais ne cultivent pas le pavot, seulement le riz et le maïs. Les femmes réalisent des broderies élégantes et subtiles dont elles ornent souvent leurs vêtements. Leur travail, complexe, de l'argent est très prisé même par les autres tribus, en particulier les Hmongs. Leur art religieux paraît en grande partie influencé par les motifs chinois, en particulier taoïstes, ce qui le distingue nettement de celui des autres tribus.
Les Lisus (Lisaw)
Les Lisus constituent l'une des plus petites minorités ethniques du Nord de la Thaïlande : moins de 5 % de toutes les tribus montagnardes. Ils sont arrivés de Birmanie dans la province de Chiang Rai au cours des années vingt. Les Lisus occupent des zones élevées et font pousser du pavot á opium ainsi que d'autres cultures de subsistance. Comme leurs cousins chinois (les mariages mixtes ont été fréquents), les Lisus ont la réputation d'être extrêmement travailleurs et combatifs. lls se marient aussi fréquemment avec des Lahus. Même leurs vêtements reflètent leur audace, avec leurs tuniques de couleurs vives relevées de centaines de perles et babioles d’argent.
Les Lisus sont des gagneurs et ont des vies bien structurées. Leurs rituels relèvent de procédures complexes qui exigent beaucoup des participants. Tout, de la naissance à la mort en passant par la séduction et le mariage, est régi par une tradition rigoureuse qui doit beaucoup aux Chinois. Cette société très structurée et ambitieuse peut-être responsable du fait que le taux de suicide chez les Lisus est le plus élevé de toutes les populations tribales de Thaïlande.
Les Akhas (Kaw)
De toutes les tribus attachées aux traditions, les Akhas, qui comptent que pour 3% de toutes les minorités vivant en Thaïlande, sont probablement ceux qui ont conservé les liens les plus profonds avec leur passé. Lors des grands événements de la vie, on proclame le nom entier d'un Akha, soit souvent plus de 50 noms qui symbolisent chacun une lignée remontant á plus de mille ans. Tous les aspects de la vie sont régis par la Voie Akha, un système qui englobe tout : mythes, rituels, agriculture, santé, vêtements, naissance, séduction, mariage et mort.
La force de la Voie Akha est peut-être la clé de la préservation de leur identité car les Akhas sont très disséminés dans tout le Sud de la Chine, le Laos, le Vietnam et Myanmar. Les premiers Akhas à avoir émigré de Birmanie en Thaïlande sont arrivés au début du XXème siècle et se sont installés dans les hautes terres dominant le cours de la Mae Kok (province de Chang Rai). Actuellement, ils descendent plus bas à la recherche de terres plus riches. Ce sont des cultivateurs changeants qui pratiquent des cultures et élèves des animaux domestiques pour leur subsistance.
L’habillement des Akhas est l’un des plus jolis de toutes les tribus montagnardes. Dans la vie de tous les jours, hommes et femmes portent des vestes noires simples aux superbes broderies. Leurs sacs en bandoulière sont tissés avec une incroyable habilité et ornés de pièces d’argent, de colifichets et de perles.