La place des minorités dans la Chine actuelle


La Chine, pays multinational, comporte officiellement cinquante-cinq minorités ethnique. Dans l'ensemble, cependant, le poids des populations non han est très faible puisqu'elles représentaient environ 6,6% de la population totale en 1953, et 8,4% en 2000. Cette croissance différentielle s'est accentuée depuis la mise en oeuvre de la politique de limitation des naissances, les petits groupes ethniques ayant obtenu de ne pas appliquer la politique générale ou de la mettre en oeuvre de la politique de limitation des naissances, les petits groupes ethniques ayant obtenu de ne pas appliquer la politique générale ou de la mettre en oeuvre d'une manière beaucoup plus souple. A terme, cependant, cette situation ne laisse pas d'être préoccupante, encore que les autorités, qui se défendent de tout chauvinisme, affichent une sérénité absolue : on peut estimer, sur la base des données des recensements, que la part des minorités devrait continuer à s'accroître au cours des décennies à venir. 

Les minorités en Chine ne représentent nullement un tout cohérent. Si l'on excepte neuf groupes relativement importants comptant chacun plus de cinq millions de représentants et occupants parfois des territoires compacts (Zhuang, Ouigours, Hui, Mandchous, Yi Miao, ujia, Mongols et Tibétains), beaucoup des ethnies minoritaires constituent de petits ensembles se comptant par centaines ou dizaines de milliers d'unités. Une grande diversité les caractérise : il n'y a rien de commun entre les éleveurs nomades des hauts plateaux d'Asie centrale et les musulmans hui, que presque rien ne distingue des Han, si ce n'est la conscience d'une identité et la pratique, beaucoup mieux suivie depuis une vingtaine d'années, d'une religion d'origine étrangère, l'islam. La politique de limitation des naissances distingue de petits groupe qu'il convient de protéger par une discrimination positive (limitation des mariages mixtes, privilèges divers accordés aux personnes se réclamant des minorités, garantie d'une progéniture suffisante pour permettre une certaine croissance démographique) et des "nations" traitées à peu près comme les Han, en particulier lorsqu'il s'agit de populations parvenues à un niveau culturel proche du niveau national et pratiquant des genres de vie peu différents de la majorité Han. Il existe donc une réglementation compliquée supposée prendre en compte tous ces éléments. Dans la pratique, cependant, seule une majorité urbaine est soumise à la politique de l'enfant unique : la plupart des femmes "minoritaires" sont autorisées, selon les cas, à avoir deux, trois voire plus de trois enfants. Plus encore que dans la population Han, la politique de limitation des naissances est mal acceptée. Le principe consistant à privilégier les minorités est, par ailleurs, mal reçu^par la majorité han et il n'est pas toujours conforme aux conditions écologiques. 

Certains petits groupes vivant dans un milieu géographique fragile ne sauraient se multiplier sans mettre en danger leur propre environnement. C'est le cas de plusieurs ethnies d'éleveurs nomades et de sociétés de la forêt pratiquant une agriculture itinérante avec brûlis. Des enquêtes ont souligné certaines conséquences négatives qu'engendrerait une forte croissance démographique de groupes tels que les Li de Hainan ou de certains nomades refoulés par la colonisation agricole dans des zones de pâturages relativement impropres aux cultures, sans compter les problèmes que cela créerait en matière d'éducation, d'emploi ou encore les effets génétiques supposés de pratiques telles que les mariages entre proches, très mal considérés par les Han. C'est en particulier le cas des ethnies à système matrilinéaire (Naxi), que les autorités cherchent à convertir au modèle patrilinéaire.