Les Molao



Les Mulam ou Molao sont près de 210 000 en Chine, implantés dans le Nord du Guangxi (de Rongshui à Du'an) et, pour la plupart, regroupés dans la Sous-préfecture autonome molao de Luocheng. D'abord confondus parmi les Yue puis les Lao, ils ne sont pas identifiés dans les annales chinoises u'à partir des Song (lesquels fondèrent en 972 la sous préfecture de Luocheng), mais plus particulièrement sous les Ming et les Qing comme Mulou Miao ou Mulao. 

Leur langue fait partie du groupe kam-sui. Les Molao sont organisés en lignages (dong), semblables à ceux des chinois du sud-est, avec tenue rigoureuse de la généalogie (un nom de génération identique est porté par tous les enfants de même niveau généalogique), construction de temples ancestraux et règlements lignagers qui procuraient aux chefs de lignage (dong) un pouvoir très étendu.

Leur marque distinctive réside surtout autour d'une vie religieuse intense : leurs prêtres, qu'is soient de tradition taoïque ou bouddhique, exercent de conserve leurs talents pour assurer le salut des morts et maintenir les vivants en bonne santé face au malheur et à la maladie avec l'aide des dieux, qu'ils savent solliciter. Les disciples de Meishan, costumés et portant de superbes masques polychromes des dieux taoïstes et locaux, pratiquent des exorcismes dans la tradition du théâtre nuo (nuoxi).

La célébration du nouvel an s'ouvre, dès le 24e jour du 12e mois, par le renvoi solennel, avec de nombreux présents, du dieu de la Cuisine, administrateur du destin, afin qu'il aille faire son rapport sur la famille à la bureaucratie céleste. Le dernier soir de l'année, de nouvelles inscriptions sont écrites à l'intention des dieux protecteurs, des ancêtres, du dieu stellaire des Richesses et du dieu de la Cuisine, qui revient à cette date de sa mission céleste.. Avant l'aube, on va, à la lumière d'une torche, acheter à la source la première eau de l'année, que l'on partage avec les animaux domestiques, ses bienfaits n'étant pas limités à l'homme.

Le jour de l'an, symbole de tous les commencements, on prend garde à ne rien faire qui puisse signifier la dilapidation de ses ressources, financières, animales, végétales. Le 2e jour, on sacrifie au dieu des Richesses. Du 3e au 5e jour, on se rend visite entre parents et amis etc. Au printemps et à l'automne, la jeunesse se rencontre sur une colline pour échanger des chants et trouver l'âme soeur. Enfin, à intervalles réguliers de plusieurs années (décidés par chaque dong), on célebre le yifan jie, l" "conversion", grand rituel en l'honneur des ancêtres qui vinrent s'installer les premiers à Luocheng, au cours duquel on demande la rémission des fautes de tous les disparus et on renouvelle l'alliance avec le panthéon taoïque et bouddhique propre aux Molao.